CRF
Centre de Réadaptation Fonctionnelle

Projets

Le C.R.F. du Club André Baillon prévoit, dans une dynamique extensive, des initiatives d’ouverture et de décloisonnement parmi lesquelles l’organisation d’« événements thérapeutiques ». Des groupes mixtes rassemblant des intervenants et des participants volontaires initient des projets ensemble. Ceux-ci visent la rencontre et la confrontation avec d’autres personnes, d’autres publics œuvrant ou non dans le domaine de la « santé mentale ». Le questionnement qui résulte de ces échanges permet souvent un renouvellement en matière de philosophie de travail, d’organisation…

Un évènement thérapeutique est un évènement à travers lequel il est possible d’établir de nouveaux liens, de transformer les perspectives et approfondir certaines réflexions. L’adjectif « thérapeutique » n’est pas exactement un indice de spécification, mais une manière de mettre en relief les avantages que l’évènement est en mesure de fournir. Le projet permet d’entraîner un changement par rapport à notre sensibilité habituelle, en rompant les automatismes et en proposant d’autres expériences.

Dans le domaine de la santé mentale, ces projets sont des outils de valeur pour repenser les pratiques professionnelles d’intervention et de recherche. La rigidité de nos pratiques de soin et de réflexion nous mène, travailleurs, à établir des protocoles d’actions inflexibles. On acquiert, sans que l’on s’en rende compte, une série d’automatismes de conduites et de pensées, ce qui nous laisse mal préparés ou découragés face aux défis toujours variables dans le quotidien du travail. Or, cette rigidité dans les protocoles de travail prolonge, dans une certaine mesure, la chronicité des situations vécues par les bénéficiaires des services de santé mentale.

Les automatismes s’accumulent, rendant difficile l’invention de solutions ou même la création de nouvelles situations problématiques. Tant pour les travailleurs que pour les personnes « qui bénéficient d’un diagnostic de pathologie psychiatrique » les problèmes peuvent se répéter.
Entretenir un contact avec d’autres réalités culturelles, d’autres manières de travailler et même
découvrir d’autres problèmes, différents des nôtres, sont des outils intéressants pour déplacer les points de vue. Non seulement, cela permet de créer de nouvelles solutions, mais aussi de nouveaux problèmes. Etre capable de créer de nouvelles normes et de nouvelles situations problématiques est, d’après Canguilhem1 , un indice de santé.

La condition d’être néophyte ou étranger permet de regarder le monde de manière inédite et favorise le changement de comportements habituels et l’accueil de l’incertitude et de l’imprévu. Nous sommes obligés de faire un effort vers la diplomatie et de pratiquer l’échange, ce qui s’accompagne d’une attention constante tantôt vers l’autre, tantôt vers soi-même. Modifier nos habitudes nous apprend quelque chose sur la flexibilité et la créativité. Ces changements ont des répercussions qui vont au-delà de l’évènement proprement dit et se répandent dans le quotidien, très souvent de manière imprévue. Initier des projets inédits donne lieu au gage thérapeutique de transformation de soi-même et du monde qui nous entoure.